Camillia

Publié le par Pierre Bertho - (Wm...)

Qui a dit que l'avenir d'un enfant se devait d'être joie, qui a dit que l'être humain avait des choix, qui a dit ? Qui a dit ça ? Je viens vous chanter, une histoire, si dure à raconter... Le temps m'est compté,je suis Camillia, fille de père ouvrier, fleur de lumière dans un pays en guerre, née au Rwanda, dans une famille, aux mille et un visages, je suis une toute petite fille sage qui rêve de jouer dans un film, je suis une Tutsi, et tout ce que je vis c'est la guerre, mes frères et mes soeurs, n'ont peur de rien, car, comme ils disent la peur c'est rien, et puis jouer c'est bien, et puis devenir une femme c'est loin. En classe, j'ai de moins en moins d'amis, ils partent au ciel comme on me dit, et plus je grandis, plus j'ai des avis sur tout, et surtout sur ce génocide qui écrit ces lignes dans les livres d'Histoire à l'occidentale, et quand quelqu'un souffre, j'ai mal, surtout quand c'est ma mère qui tombe malade. Et ces hommes pâles ne font rien, mais c'est normal quand on vit en Afrique Centrale. Ma mère tellement mal monte au ciel, sans jamais redescendre, mais nous vivons près de ses cendres. Puis le temps passe, mais le temps ne chasse pas les crimes, alors je me mets à écrire quelques rimes, pour pouvoir rêver, je verse l'encre pour dissiper l'averse dans les yeux des miens, alors mon père, qui veut faire taire la haine, nous emmène dans ce pays où il me dit que je serais comme reine.


Car mes peines ont fait de moi une femme forte, au lieu d'une femme morte. Mes peines ont fait de moi une femme forte au lieu d'une femme morte. J'emporte mes joies, mais je me cache telle une lâche. On se doit de faire ce choix, car dans cet hexagone, la loi dit que nous n'avons pas de papier, alors pas de toit, p as vraiment moi, car ici on me dévisage, pourtant je suis Camillia toute petite fille sage, qui s'est enfuie, pour pouvoir rêver au lieu de crever, qui s'est enfuie pour pouvoir rêver au lieu de crever. Mais m'avez-vous vu pleurer ? Avez-vous lu la déception dans mon regard ? Car, je marche la face vers le ciel, et si la joie a fait son choix, si elle a choisi son camp, j’me battrai pour sentir son parfum, celui de la liberté qui me feint. Serait-ce pour ce teint de peau, que certains ont peur, car merde, j'entends parler de bruit et d'odeur. Mais, qui a entendu mon cri de détresse ? Qui a senti le parfum de revanche ? Dans cette douce France, je fais plus que penser, plus que danser, je me bats pour vivre, on se bat pour vivre ! Alors quand on dort, mon père cherche l'or, à raison ou à tort, alors travaille au noir, ramène quelques euros, pour faire quelques heureux, à l'heure ou certains vivent dans des palaces, nous côtoyons la crasse... Mais en classe, mes frères et soeurs, nous savons que nous avons notre place, alors on amasse le savoir, car nous voulons être mais aussi avoir, voila le premier de nos devoirs. Parce que je suis Camillia, toute petite fille sage, qui veut rêver avant de crever, car mes peines ont fait de moi une femme forte, au lieu d'une femme morte, (Bis) Puis les années passent, mes démons je chasse, trouve ma place dans la société, commence à travailler. Et je fonde ma famille sur laquelle je dois veiller. Mais J'entends parler de retour en charter, car sur ces terres, moi et mes compères, ne sommes pas les bienvenus. Pourtant depuis le temps que je marche sur l'avenue de cette vie, j'ai vu les averses de haines, j'ai écrit les vers d'amour, et j'ai essayé de déverser l'humour. Tout ça pour esquiver la mort, mais là, je ne sais que dire, je n'arrive plus à sourire, ni même à rire, et j'entends au près des miens de longs soupirs... Alors que dire, à part que demain nous devrons partir, partir pour mes terres d'enfance, qui ne sont que mes terres d'errance, car mon pays c'est la France, alors pour être franche, j'aimerais dire à ce Monsieur que pour Elle, j'aurais pu toucher les cieux, mais qu'à ces yeux, je ne suis qu'une noire de trop, mais je suis Moi, Camillia m'endormant ce soir, sans penser à demain, demandant à Corneille, dans mes rêves, de partager son bonheur, parce que ce n'était peut être pas mon siècle, mon année ou mon heure, car j'ai cru que la vie était un rêve, et j'ai voulu rêver avant de crever, mais je me suis trompée, car qui a dit que l'être humain avait des choix, qui a dit ? Qui a dit ça ?

 

Texte de la  chanson “Camillia” tirée du premier album “Encre dans ma tête” de [Wm…], jeune slameur de Domont (95)
Vous pouvez écouter cette chanson, et découvrir l’univers du chanteur, sur le site Internet www.myspace.com/ecoutemonson

Publié dans Chanson

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M
Bravo Pierre pour votre texte si touchant...
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